https://archive.is/oGtsB L’emprise de la fausse conscience nationaliste sur le prolétariat est avant tout le produit du poids écrasant de l’oppression nationale que subit la majorité noire. Pour apporter une réponse à cette question brûlante et mobiliser les masses prolétariennes et plébéiennes contre les dirigeants traîtres nationalistes, nous avançons un programme pour une direction prolétarienne dans la lutte de libération nationale, exprimé dans le mot d’ordre d’un « gouvernement ouvrier centré sur les Noirs ».
Nous luttons pour gagner à ce programme les travailleurs métis qui ont une conscience de classe ainsi que d’autres militants antiracistes métis. Nous considérons que le combat pour la libération nationale de la majorité noire opprimée est la force motrice stratégique d’une révolution ouvrière pour mettre à bas le système raciste du néo-apartheid qui opprime tous les travailleurs non blancs. L’oppression des Métis (et des Indiens) est directement déterminée par la surexploitation du prolétariat noir, et toute lutte significative pour mettre fin à cette oppression implique nécessairement un combat pour la libération nationale de la majorité noire opprimée. De même, toute lutte significative pour la libération des Noirs implique un combat sans concession contre le nationalisme noir, qui est imbibé de préjugés anti-Métis et anti-Indiens. C’est essentiel pour construire un parti d’avant-garde léniniste-trotskyste racialement intégré qui puisse intervenir parmi toutes les couches opprimées et y lutter pour une direction révolutionnaire. Sous un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs les Métis, les Indiens, les Asiatiques et ceux des Blancs qui accepteront un gouvernement basé essentiellement sur les travailleurs noirs auront un rôle important à jouer et bénéficieront des pleins droits démocratiques.
Particulièrement pendant les premières années de néo-apartheid, beaucoup de militants de gauche sud-africains étaient très hostiles à notre mot d’ordre. Ils disaient qu’en reconnaissant l’existence de différences et de divisions au sein des masses non blanches, nous faisions écho à la ligne du régime d’apartheid qui menait constamment une politique de diviser pour régner entre les différents groupes raciaux, et qui cherchait à renforcer les identités tribales et ethniques. Parmi ces tendances de gauche, il y avait le New Unity Movement (qui allait donner plus tard naissance au Democratic Socialist Movement/Workers and Socialist Party) et les pseudo-trotskystes qui gravitent actuellement autour du « think tank » syndical ILRIG (International Labour Research and Information Group). Ces groupes adhéraient à l’illusion du « non-racialisme » de l’ANC. Ce faisant, ils niaient les manifestations bien réelles et spectaculaires des divisions raciales, nationales et tribales dans l’Etat du néo-apartheid de Mandela. Les fictions nationalistes sur la « nation arc-en-ciel » et la « construction de la nation » étaient pour eux autant de moyens de nier la réalité, parce que leurs programmes réformistes sont fondamentalement incapables de la changer.
C’est ainsi qu’en 1997 un groupe pseudo-trotskyste basé au Cap, la Workers International Vanguard League (WIVL, rebaptisée aujourd’hui Workers International Vanguard Party) nous avait écrit une « lettre ouverte » de 19 pages qui était en grande partie consacrée à ressasser l’affirmation calomnieuse et sinistre que « les spartacistes encouragent les divisions raciales en Afrique du Sud ». La WIVL s’opposait à notre mot d’ordre de gouvernement ouvrier centré sur les Noirs, parce que cela signifiait pour eux qu’« un gouvernement ouvrier en Afrique du Sud devrait avoir une garantie raciale inscrite dans sa constitution ». Dans notre réponse à la WIVL (reproduite, avec leur « lettre ouverte », dans notre brochure Hate Trotskyism, Hate the Spartacists n° 1, juillet 1998), nous faisions remarquer que ce « daltonisme racial » masquait en réalité une capitulation de la WIVL devant le communautarisme métis et un déni de la hiérarchie raciale structurelle du capitalisme sud-africain, avec son oppression spécifique des Africains noirs au bas de l’échelle sociale.
En Afrique du Sud, l’exploitation de classe et l’oppression nationale sont intimement entremêlées. Malgré l’existence d’un prolétariat métis numériquement significatif, notamment au Cap-Occidental, et d’une classe ouvrière urbaine indienne au Natal, l’écrasante majorité des ouvriers sont des Africains noirs. En attaquant notre mot d’ordre de gouvernement ouvrier centré sur les Noirs, la WIVL attaquait en fait Léon Trotsky lui-même. Celui-ci écrivait en effet dans son seul texte important consacré à l’Afrique du Sud, une lettre de 1935 à des révolutionnaires sud-africains :
« Mais il est absolument évident que la majorité écrasante de la population, affranchie de la dépendance servile, marquera l’Etat d’une empreinte déterminante.
« Dans la mesure où la révolution victorieuse changera radicalement les rapports non seulement entre les classes, mais aussi entre les races, et assurera aux Noirs la place dans l’Etat qui correspond à leur nombre, la révolution sociale en Afrique du Sud aura également un caractère national. »
- « Le problème national et les tâches du parti prolétarien », Œuvres, tome 5
Pour nous, la révolution prolétarienne en Afrique du Sud sera l’acte suprême de la libération nationale. Mais cela n’implique pas le moindre soutien politique au nationalisme en tant qu’idéologie, ni au projet de « construction de la nation ». L’Afrique du Sud n’est pas une nation mais un Etat issu du colonialisme ; elle inclut différents peuples et elle repose sur une hiérarchie raciale brutale. Les frontières de presque tous les Etats africains, l’Afrique du Sud y compris, ont été tracées arbitrairement par les puissances coloniales et elles n’ont aucune légitimité nationale. Les tribus et les peuples ont souvent été dépecés entre deux ou plusieurs pays tandis que deux ou plusieurs peuples antagonistes étaient souvent forcés de cohabiter à l’intérieur d’un même Etat. Une solution démocratique, égalitaire et rationnelle est impossible sous le capitalisme. La lutte pour un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs en Afrique du Sud fait partie intégrante de notre perspective d’une fédération socialiste d’Afrique australe.
Combattre l’idéologie nationaliste signifie s’opposer aux préjugés et aux stéréotypes chauvins sur les Métis qui sont monnaie courante parmi les Africains noirs, et que l’ANC, l’EFF et autres nationalistes encouragent. Dans beaucoup de langues africaines, des termes racialement péjoratifs comme amaBoesman (« homme de la brousse ») sont le terme habituel (et parfois unique) pour désigner les Métis. Il y aussi l’idée fausse mais très répandue que la population métisse serait simplement le produit du métissage entre Noirs et Blancs. Cette conception fausse s’accompagne souvent de préjugés anti-Métis : que les Métis « ne savent pas d’où ils viennent », qu’« on ne peut pas leur faire confiance », etc. Cela reflète l’acceptation de la notion des « races » comme des catégories biologiques intrinsèques et figées. Traditionnellement, cette idée fausse était mise en avant pour essayer de légitimer de façon pseudo-scientifique l’esclavage et l’oppression des Noirs en « prouvant » que ceux-ci étaient « inférieurs ». (Pour une réfutation de ces mythes dans le contexte américain, voir notre article « La “courbe en cloche” et le génocide made in USA », Black History and the Class Struggle n° 12, février 1995).
Les catégories raciales sont le produit de rapports sociaux humains et non de la génétique – ce qui signifie que les identités et préjugés raciaux sont façonnés par le développement historique spécifique de la société au sein de laquelle ils existent. La population métisse se compose d’un mélange complexe des différents peuples qui se sont installés en Afrique du Sud au fil des siècles : esclaves venus d’Afrique de l’Est, du sous-continent indien et de l’Asie du Sud-Est ; colons blancs originaires de Hollande et d’autres pays d’Europe ; Khoïkhoï, San et autres peuples autochtones.
Il existait bien une hiérarchie raciale complexe dans la colonie du Cap à l’époque de l’esclavage. Mais la consolidation de ces peuples divers en une population métisse telle qu’elle existe aujourd’hui, c’est-à-dire en une caste de race-couleur de statut intermédiaire dans la hiérarchie raciale, s’est produite plus tard. Ce processus était étroitement lié à la formation d’une économie capitaliste en Afrique du Sud à la fin des années 1800. C’est ce que montre Ian Goldin dans son livre Making Race – The Politics and Economics of Coloured Identity in South Africa (1987) : « Ce n’est pas un hasard si la période qui a vu l’évolution d’une identité métisse distincte a aussi vu une transformation spectaculaire du travail », au fil des migrations de travail vers les villes de la colonie du Cap. Goldin décrit comment cette distinction est apparue parmi les travailleurs dans les années 1890 ; les employeurs sur les docks, dans les fermes et ailleurs ont alors divisé les travailleurs en « indigènes » (que l’on embauchait de préférence pour les emplois manuels non qualifiés les plus pénibles) et « gars du Cap » ou « Métis » (que l’on préférait pour les emplois d’artisan, comme charpentiers ou maçons).
La lutte de classe et le rôle des communistes
Il serait bien sûr erroné et extrêmement simpliste de penser que les rapports entre Noirs et Métis sont seulement faits d’antagonismes et de méfiance réciproque. A côté des exemples de conflits raciaux, il y a aussi des exemples notables de lutte contre les tactiques de diviser pour régner de la bourgeoisie. Contre ceux qui colportent des stéréotypes raciaux, il faut souligner que la population métisse n’est aucunement homogène (ni d’ailleurs non plus la population noire) : les attitudes politiques et sociales diffèrent considérablement d’un individu à l’autre, sur la base de l’origine de classe, de l’expérience personnelle et d’autres facteurs. De plus, les attitudes prédominantes dans la population métisse ne sont pas figées ; elles varient selon l’époque et l’endroit. Par exemple, le soutien à la DA est en général moins fort parmi les travailleurs métis des zones rurales (les régions agricoles du Cap-Occidental ainsi qu’une bonne partie du Cap-Nord) que dans les zones urbaines.
En termes d’intervention communiste, une priorité doit porter sur les industries où travailleurs noirs et métis sont intégrés sur le lieu de production, comme par exemple les usines automobiles du Cap-Oriental ou le secteur agricole du Cap-Occidental. Les divisions raciales entre Noirs et Métis nuisent aux intérêts matériels fondamentaux de la classe ouvrière, et le fonctionnement même de l’exploitation capitaliste oblige les ouvriers à s’organiser collectivement contre les employeurs. La lutte de classe crée les conditions objectives pour combattre et surmonter les divisions raciales et autres : chaque grève âprement disputée montre inévitablement que l’unité de classe est nécessaire contre les capitalistes.
Prenons la grève des ouvriers agricoles de 2012-2013 au Cap-Occidental. La grève a été particulièrement importante à De Doorns. Cette ville avait été en 2009 le théâtre de violents pogroms anti-immigrés, qui avaient contraint plus de 3 000 immigrés (principalement zimbabwéens) à se réfugier dans des camps de fortune. Certains disent que ces agressions auraient été déclenchées par les « labour brokers » [loueurs de main-d’œuvre] sud-africains qui, dans le but d’éliminer la concurrence de leurs homologues zimbabwéens, auraient incité des émeutes anti-immigrés en accusant les travailleurs zimbabwéens de « voler » les emplois des Sud-Africains. Cet exemple est loin d’être le seul. Il montre comment les fermiers blancs et des parasites comme les « labour brokers » divisent pour régner en faisant en sorte que les différentes catégories d’ouvriers agricoles continuent à subir une exploitation féroce : ils dressent les hommes contre les femmes, ceux qui ont un emploi fixe contre les saisonniers, les ouvriers métis contre les ouvriers noirs, etc.
Quand les grèves éclatèrent en 2012, les fermiers essayèrent d’utiliser la même tactique pour torpiller la grève en semant la division, avec le soutien du gouvernement du Cap-Occidental dirigé par Zille et la DA. Mais cela ne parvint pas à briser la solidarité et l’unité de cette grève combative qui transcendait les antagonismes raciaux et nationaux. Un dirigeant du comité de grève expliqua à Jesse Wilderman (de l’université de Wits) que « les gens étaient tous unis – Zims, Sothos, Métis, ceux qui parlaient le xhosa – tout le monde était uni […]. La grève a ressuscité la culture de lutte des années 1980 et nous étions vraiment unis, le groupe tout entier » (Farm Worker Uprising in the Western Cape : A Case Study of Protest, Organising, and Collective Action, 26 septembre 2014). Les grévistes furent confrontés à une répression féroce mais ils arrachèrent de modestes concessions avec une augmentation du salaire minimum de 69 à 105 rands (de 4 à 6 €) par jour.
En réaction à cette augmentation extrêmement maigre de salaires de misère, les fermiers racistes se livrèrent à toute une série de représailles pour intimider et persécuter les grévistes les plus combatifs. Les fermiers combinèrent ces représailles avec des provocations calculées destinées à attiser les divisions entre ouvriers. Certains fermiers firent venir de nouveaux ouvriers étrangers pour contourner l’augmentation du salaire minimum, certains auraient fait venir des ouvriers métis d’autres régions pour éviter d’embaucher les saisonniers actifs dans la grève, tandis que d’autres expulsèrent de leur logement à la ferme les ouvriers en fixe ayant participé à la grève. Ces mesures semblent avoir réussi à raviver dans certaines régions les vieilles divisions nationales et raciales réactionnaires. Wilderman rapporte ainsi qu’un groupe d’ouvriers qu’il a interviewés à De Doorns menaçait de répéter les pogroms de 2009.
C’est une leçon clé de cette grève et de ses suites : si les luttes économiques des travailleurs posent bien la question de la nécessité de l’unité de classe transcendant les divisions raciales et autres, elles ne peuvent pas par elles-mêmes forger cette unité de façon conséquente et durable. Pour cela il faut un parti ouvrier révolutionnaire de type bolchévique. Comme l’expliquait Lénine dans Que faire ? (1902), l’histoire montre que la classe ouvrière ne peut pas engendrer spontanément une conscience socialiste sur la seule base de sa propre activité. Cette conscience doit être introduite de l’extérieur, grâce à l’intervention d’un parti d’avant-garde qui a concentré les leçons de l’histoire de la lutte de classe internationale dans un programme marxiste révolutionnaire. Un tel parti ne limiterait pas son intervention aux luttes économiques immédiates de la classe ouvrière ; il devrait agir en tribun du peuple pouvant réagir à toute manifestation de tyrannie et d’oppression, quelle que soit la couche ou la classe de la population concernée.
Le Parti bolchévique construit par Lénine luttait avec acharnement pour les droits démocratiques de toutes les nationalités dans la Russie tsariste, qui était une « prison des peuples ». Au cœur de la position de Lénine sur la question nationale, il y avait la nécessité urgente pour les révolutionnaires prolétariens de prendre fait et cause pour les luttes contre l’oppression nationale et de se battre pour l’égalité de toutes les nations, de manière à déblayer les obstacles à l’unité de la classe ouvrière. Dans ses « Notes critiques sur la question nationale » (1913), Lénine écrivait : « Aux querelles nationales que se livrent entre eux les différents partis bourgeois pour des questions de langue, etc., la démocratie ouvrière oppose la revendication suivante : unité absolue et fusion totale des ouvriers de toutes les nationalités dans toutes les organisations ouvrières […], contrairement à ce que prêchent tous les nationalistes bourgeois. »
Si Lénine et les bolchéviks gagnèrent l’autorité politique nécessaire pour lutter pour l’unité de l’avant-garde prolétarienne par-delà les divisions nationales, c’est parce qu’on les connaissait comme les adversaires les plus résolus du chauvinisme grand-russe et de l’oppression de toutes les minorités nationales. Quand l’autocratie tsariste menaça de « noyer la révolution dans le sang des Juifs » à l’apogée de la Révolution de 1905, au mois d’octobre, la rumeur d’un pogrom antijuif se répandit à Saint-Pétersbourg. En moins de quelques heures, 12 000 ouvriers en armes avaient été mobilisés par le soviet (conseil) ouvrier pour repousser les bandes réactionnaires des « Cent-Noirs ».
Il existe d’importantes différences dans la forme que prend l’oppression nationale et raciale entre l’Afrique du Sud et la Russie tsariste. La plus significative : alors que la majorité des ouvriers qui firent la Révolution russe de 1917 étaient ethniquement russes (et luttaient contre des exploiteurs russes qui opprimaient d’autres nationalités), en Afrique du Sud l’écrasante majorité des travailleurs subissent une oppression nationale de la part d’une minorité blanche. De plus, les différents peuples qui habitent l’Afrique du Sud ne constituent pas des nations séparées car ils sont intégrés dans une seule économie. Malgré ces différences, l’approche de Lénine et des bolchéviks est tout à fait pertinente pour aborder les divisions raciales, tribales et autres parmi les opprimés dans ce pays, notamment la nécessité urgente de mobiliser le prolétariat pour défendre les immigrés.
La controverse sur les mesures préférentielles
L’affirmative action [mesures préférentielles] est l’une des questions qui focalisent les antagonismes raciaux. Les controverses à ce sujet se sont multipliées en 2011, en réaction à des propositions d’amendements à la Loi sur l’égalité dans l’emploi qui auraient fixé des objectifs d’emploi et des quotas reflétant la démographie nationale et non plus locale. Les Métis du Cap-Occidental ont à juste titre considéré cela comme une attaque raciste à leur encontre car cela aurait signifié qu’alors qu’ils sont majoritaires dans cette région, la part des emplois devant être occupés par des Métis serait fixée à environ 9 %. La logique de cette proposition est un programme raciste de transferts forcés de populations, ce qui est une des nombreuses directions réactionnaires que peut prendre la « construction de la nation » sous le capitalisme. C’est ce qu’a explicité Jimmy Manyi (à l’époque un des dirigeants du Black Management Forum avant de devenir porte-parole du gouvernement ANC), qui dans différentes interviews fustigeait la « concentration excessive » de Métis au Cap-Occidental.
Dans une veine nationaliste similaire, Manyi se plaignait aussi du nombre élevé d’Indiens ayant bénéficié de mesures préférentielles et du « Black Economic Empowerment » [Promotion économique des Noirs] ; il laissait entendre qu’ils devraient être exclus de ces deux programmes. Les modifications proposées aux mesures préférentielles ont été supprimées de la version finale de l’amendement suite à un arrêt du Tribunal du travail du Cap, mais une campagne anti-Indiens persistante s’est développée ces dernières années, notamment dans la province du Kwazulu-Natal. Elle est menée par des associations de patrons noirs qui essaient d’éliminer la concurrence des Indiens sur les marchés publics et autres. Des membres de l’ANC et de l’EFF de Malema soutiennent ce genre de saleté réactionnaire. Même si l’EFF se présente aujourd’hui en « défenseur » des Métis, et qu’il est soutenu par une partie des Métis du Cap-Occidental, il faut se souvenir que Malema et Floyd Shivambu, les dirigeants actuels de l’EFF, étaient des partisans déclarés de Jimmy Manyi en 2011, quand ils étaient à la tête de la Ligue de jeunesse de l’ANC.
Ces attaques racistes contre les minorités métisse et indienne contribuent à renforcer les divisions raciales et à pousser les travailleurs métis et indiens dans les bras de leurs pires ennemis. C’est ainsi que Solidarity, un syndicat réactionnaire dominé par les Blancs, a pu se faire passer pour un champion de la minorité métisse en attaquant devant les tribunaux les mesures préférentielles proposées. L’objectif de Solidarity est de supprimer complètement les mesures préférentielles, et plus largement de défendre les privilèges des Blancs, comme le montre sans ambiguïté une formule (supprimée depuis) affichée sur son site internet : « A cause de l’idéologie de la représentation, les masses ne profitent pas et les Blancs sont gravement désavantagés. »
Solidarity était partie civile de dix gardiens de prison (neuf Métis et un Blanc) qui n’avaient pas eu de promotion à cause des quotas basés sur la démographie nationale. Soyons clairs : tous les matons, qu’ils soient noirs, métis ou blancs, sont des ennemis jurés des travailleurs et des opprimés. Tout comme pour les policiers, leur travail, c’est la répression raciste au service des capitalistes. Ils n’ont pas leur place dans les syndicats ni dans aucune autre organisation ouvrière.
Nous défendons les mesures préférentielles contre les tentatives racistes de les supprimer, et nous sommes aussi contre les tentatives racistes d’exclure les Métis et les Indiens ; mais le but des communistes n’est pas de défendre le misérable statu quo sous le capitalisme. Les mesures préférentielles ne peuvent pas faire disparaître les discriminations racistes omniprésentes dans le travail et l’éducation, parce que ce genre de mesures présuppose le maintien du système capitaliste où les opprimés sont en concurrence pour une poignée d’emplois, dans une société où le taux de chômage est énorme.
Pour un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs !
Il faut mener une bataille politique à l’intérieur des syndicats pour une nouvelle direction lutte de classe. Cette bataille doit être livrée à la fois contre les dirigeants traîtres pro-Alliance de la COSATU et contre leurs opposants réformistes comme la bureaucratie du NUMSA, le syndicat de la métallurgie. Une direction lutte de classe chercherait à unir les travailleurs – Noirs et Métis, hommes et femmes, salariés et chômeurs, etc. – dans une lutte commune, dont l’idée de départ serait que leurs intérêts sont tous fondamentalement incompatibles avec ceux des capitalistes. Aussi longtemps que les travailleurs se font une concurrence acharnée pour un nombre limité d’emplois, les patrons chercheront toujours à diviser pour régner afin d’affaiblir le mouvement syndical.
Il faut lutter pour le contrôle syndical sur l’embauche, et des projets spécifiques gérés par les syndicats pour aller chercher et former les travailleurs des catégories les plus opprimées. Il faut lier cela au combat pour des emplois pour tous en exigeant que le travail disponible soit partagé, sans perte de salaire, entre tous ceux qui sont en mesure de travailler. Il faut se battre, suivant les principes de la lutte de classe, pour briser le système d’esclavage des « labour brokers » en mobilisant les syndicats dans une lutte pour des emplois fixes pour tous les travailleurs sous contrat, un salaire égal à travail égal, des conditions syndicales et une pleine protection syndicale pour tous. Il faut aussi se battre pour les pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui ont réussi à arriver ici.
Le document-programme de l’ANC « Les mesures préférentielles et la nouvelle constitution », écrit par Albie Sachs en 1994, affirme explicitement que les mesures préférentielles ont été choisies comme alternative à la solution évidente de commencer à réparer les injustices monumentales du pouvoir de la minorité blanche ; cette alternative aurait consisté à « confisquer les bénéfices de l’apartheid et les partager entre ceux qui avaient été dépossédés ».
Cela n’a bien sûr jamais été dans l’intention de l’ANC, déjà parce que ce parti est déterminé à préserver le capitalisme. Cela mène à s’interroger sur la cause de la perpétuation des divisions raciales et tribales au sein des masses non blanches. Tout comme les autres manifestations nombreuses d’arriération économique et sociale, elles sont l’héritage raciste de la domination impérialiste et de l’apartheid, et elles ne peuvent être résolues sous le capitalisme. La théorie de la révolution permanente de Trotsky est la seule à montrer la voie vers la modernisation économique et sociale des pays à développement capitaliste retardataire. Celle-ci s’applique à l’Afrique du Sud à travers le mot d’ordre d’un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs.
Un logement décent pour les millions de personnes vivant dans les townships, les camps et les villages de squatters – y compris des logements racialement intégrés –, une éducation gratuite et de qualité, l’éradication de la lobola [le prix de l’épousée] et des autres pratiques patriarcales traditionnelles qui oppriment les femmes : pour accomplir tout cela, il faut renverser le capitalisme du néo-apartheid. Un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs en Afrique du Sud commencerait par exproprier les « randlords » et leurs hommes de paille noirs et s’emparer des « bénéfices de l’apartheid » et des moyens de production. Sous un gouvernement ouvrier, ces ressources ne seraient pas utilisées seulement pour redistribuer les richesses, mais plus fondamentalement pour réorganiser et augmenter la production sur une base socialiste ; c’est ce qui est vraiment nécessaire pour réaliser la modernisation économique et sociale dont le besoin est si criant.
La réussite de la transformation socialiste dépendra fondamentalement de l’extension internationale de la révolution, notamment aux centres impérialistes. La révolution prolétarienne internationale signifiera l’expropriation et le contrôle centralisé des richesses productives de l’Amérique du Nord, de l’Europe et du Japon. L’utilisation intensive et rationnelle des ressources économiques, et en particulier des investissements utilisant la technologie la plus avancée, provoqueront une augmentation qualitative de la productivité, ce qui permettra ainsi d’arriver rapidement à une économie totalement automatisée. Le formidable accroissement de la production qui en résultera permettra un transfert massif de ressources productives vers les pays moins avancés d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
La victoire de la révolution prolétarienne à l’échelle mondiale ne sera bien sûr pas une tâche facile. Mais c’est la seule alternative à la barbarie capitaliste. Comme l’expliquait la « Déclaration de principes et quelques éléments de programme » de la LCI (1998), cette victoire
« mettrait une abondance matérielle encore inimaginée au service des besoins de l’humanité, créerait les conditions permettant d’éliminer les classes, d’éradiquer l’inégalité sociale basée sur le sexe et d’abolir la signification même, au niveau social, de race, de nation et d’ethnie. Pour la première fois, l’humanité saisira les rênes de l’histoire et contrôlera la société, sa propre création, ce qui se traduira par une émancipation du potentiel humain dépassant ce qu’on peut imaginer aujourd’hui et par un bond en avant monumental de la civilisation. C’est alors seulement qu’il sera possible de réaliser le libre développement de chaque individu, condition du libre développement de tous. »
C’est ce pour quoi se bat Spartacist/South Africa, section sud-africaine de la Ligue communiste internationale. Nous disons à ceux qui cherchent une alternative au racisme et à l’oppression épouvantables du capitalisme du néo-apartheid : notre programme trotskyste révolutionnaire et internationaliste est la solution.
http://www.icl-fi.org/francais/lebol/216/afrsud.html submitted by https://archive.is/vz5rg Pour des syndicats industriels !
Pour un parti léniniste d'avant-garde !
Syndicat et parti : le point de vue marxiste
Reproduit du Bolchévik n° 164, été 2003
Nous reproduisons ci-dessous une présentation du camarade Herminio Sanchez, revue pour publication, lors d’une discussion dans la LTF sur les grèves de mai-juin.
L’énorme vague de grèves qui secoue le pays depuis un mois est sans précédent depuis 1995. Les travailleurs montrent qu’ils veulent lutter, et la frustration et la colère augmentent contre la bureaucratie syndicale. Dans d’in-nombrables entreprises le morcellement des syndicats en chapelles politiques concurrentes (CFDT, CGT, FO, SUD, UNSA, ¼) se traduit par le cassage de la grève un jour par la CGT, un autre par l’UNSA (dont fait partie la FGAAC à la SNCF), un autre encore par les « radicaux » du SUD, etc. Ce qu’il nous faut c’est des syndicats industriels unifiant l’ensemble des travailleurs d’une industrie dans un seul syndicat. Trotsky écrivait en 1931:
« Si l’édifice théorique de l’économie politique du marxisme s’appuie entièrement sur la conception de la valeur comme du travail matérialisé, la politique révolutionnaire du marxisme s’appuie, elle, sur la conception du parti comme avant-garde du prolétariat. Quelles que soient les sources sociales et les causes politiques des fautes et des déviations opportunistes, idéologiquement, elles se ramènent toujours à une compréhension erronée du parti révolutionnaire, de ses relations avec les autres organisations prolétariennes et avec la classe tout entière. »
Nous expliquons dans notre Déclaration de principes (voir Spartacist n° 32, printemps 1998) : « Comme pour les bolchéviks de Lénine, notre but est de fusionner les éléments intellectuels et prolétariens, surtout en construisant des fractions communistes dans les syndicats et en s’y battant. Avec de la propagande littéraire, on peut former les premiers cadres mais on ne peut pas rassembler l’avant-garde prolétarienne qui ne vit ni dans un cercle, ni dans une salle de classe, mais dans une société de classes, dans les usines, dans les organisations de masses ; on doit savoir parler à cette avant-garde dans la langue de ses expériences. Même les cadres propagandistes les mieux préparés se désintègrent inévitablement s’ils ne trouvent pas le contact avec la lutte quotidienne des masses. »
Aussi embryonnaire soit-elle, chaque section de la LCI cherche à concrétiser notre orientation prolétarienne. Nous cherchons à construire des fractions communistes dans les syndicats, nous cherchons à avoir des cadres dans le prolétariat qui incarnent notre programme dans notre classe. Quand Lénine dit dans Que faire ? que le parti introduit la conscience de l’extérieur de la lutte économique, il veut dire que les travailleurs ne peuvent pas spontanément, dans le cadre de la lutte économique, transcender leur niveau de conscience trade-unioniste, c’est-à-dire qui accepte le cadre du capitalisme ; il leur faut des révolutionnaires professionnels intervenant dans la classe ouvrière, dans ses luttes, avec leur propagande et leur agitation. C’est ce parti-là que nous voulons construire. Si nous n’arrivons pas à ancrer notre parti dans la classe ouvrière nous ne pourrons pas attirer des couches plus larges d’ouvriers pour diriger une révolution prolétarienne. On voit clairement dans les grèves actuelles le rôle de nos opposants de maintenir le plus bas possible le niveau de conscience de la classe ouvrière. Lutte ouvrière (LO) rejette toute la conception léniniste d’un parti d’avant-garde, pour mieux capituler devant les couches les plus arriérées dans le prolétariat. LO et la LCR rejettent la conception du parti d’avant-garde parce qu’ils n’ont aucune intention de renverser le système capitaliste ; au contraire ils veulent mieux diriger ce système, LO avec sa revendication de « l’interdiction des licenciements », la LCR avec ses offres de service pour participer à un prochain gouvernement.
La Charte d’Amiens et les origines du réformisme syndical en France
La Charte d’Amiens de 1906 est la pierre angulaire dans le mouvement ouvrier français réformiste en ce qui concerne les relations entre le parti et les syndicats. Tout le monde pratiquement s’en réclame. Le point fondamental auquel font référence les gens qui parlent de la Charte d’Amiens, c’est l’indépendance complète des syndicats vis-à-vis des partis politiques. C’est-à-dire que le parti s’active au parlement, mais il n’interfère pas le moins du monde dans les luttes syndicales, sinon peut-être pour les soutenir de l’extérieur. Réciproquement le syndicat ne se mêle pas des campagnes politiques. La Charte d’Amiens demande par exemple au syndiqué de « ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au-dehors ». Cette conception est évidemment tout d’abord anti-historique, comme si le mouvement ouvrier français n’avait pas été fondamentalement affecté depuis 1906 par la trahison d’août 1914 (quand les social-démocraties allemande et française ont trahi le prolétariat en soutenant leur propre bourgeoisie dans la Première Guerre mondiale), la révolution d’Octobre 1917 en Russie, et ensuite la dégénérescence puis la destruction finale de l’Union soviétique. Ensuite, la Charte d’Amiens sert de couverture aux trahisons de toutes ces organisations depuis des dizaines d’années.
De proclamer la Charte d’Amiens comme l’alpha et l’oméga de la question des relations entre parti et syndicat, c’est faire preuve d’une étroitesse nationale tout à fait française. Les relations entre les partis et les syndicats sont très variées suivant les pays et l’époque. En Grande-Bretagne le Parti travailliste a émergé il y a une centaine d’années comme l’expression politique propre de la bureaucratie syndicale ; c’est les syndicats qui ont créé le parti. En Allemagne au contraire c’est le SPD qui a construit les syndicats et qui continue à les contrôler. Aux Etats-Unis le noyau principal des syndicats industriels – par exemple l’UAW, le syndicat des travailleurs de l’automobile – est apparu dans les années 1930 grâce à l’influence du Parti communiste ; il fallait une direction prête à lutter pour intégrer les Noirs et les Blancs dans un seul syndicat, et seuls les communistes pouvaient faire cela. La construction des Teamsters (le syndicat des camionneurs) comme un puissant syndicat sur une base industrielle, était le résultat d’une politique lutte de classe à l’initiative des trotskystes qui ont dirigé la grève générale de Minneapolis de 1934.
Pour en revenir à la Charte d’Amiens il faut comprendre la situation du mouvement ouvrier de l’époque pour expliquer sa genèse. En 1905 les différentes cliques parlementaires se réclamant du socialisme se sont unifiées. Il y avait notamment une aile ouvertement non marxiste, les jauressistes, et une aile qui se réclamait du marxisme, dirigée par Jules Guesde. Guesde voulait que les marxistes influencent le syndicat, Jaurès s’y opposait (pour lui il fallait laisser aux bureaucrates syndicaux la lutte économique, et aux parlementaires petits-bourgeois la lutte politique). Le réformisme était manifestement très puissant dans la SFIO, la social-démocratie de l’époque : le « socialiste » Millerand, quelques années auparavant, avait participé à un gouvernement bourgeois pour la première fois dans l’histoire. C’est pourquoi les syndicalistes révolutionnaires ont fait un bloc avec Jaurès pour préserver l’indépendance du syndicat par rapport à la social-démocratie. Le résultat de ce bloc c’était la Charte d’Amiens.
Sur le fond les syndicalistes révolutionnaires cherchaient à s’opposer à l’influence de la social-démocratie qu’ils percevaient à juste titre comme réformiste. Mais c’est Guesde lui-même, représentant de l’aile « marxiste » de la SFIO, anti-jauressiste, qui entrera dans le gouvernement capitaliste pendant la Première Guerre mondiale. Il faut noter que l’indépendance de la CGT par rapport à la SFIO ne la préservera pas de la trahison : dès début août 1914 l’organe officieux de la CGT, la Bataille syndicaliste, commencera à soutenir la guerre de sa propre bourgeoisie contre le Kaiser allemand Guillaume II. Un an plus tard la Bataille syndicaliste devenait la Bataille. A cette époque-là Monatte démissionnait de la Commission administrative de la CGT pour protester contre leur position chauvine. Trotsky écrivait (21 octobre 1929) :
« Son départ du centre syndical n’était au fond qu’une scission. Mais, à cette époque-là, Monatte croyait – avec raison – que les tâches historiques fondamentales du prolétariat sont à placer au-dessus de l’unité avec les chauvins et les laquais de l’impérialisme. C’est en cela précisément que Monatte fut fidèle aux meilleures traditions du syndicalisme révolutionnaire. »
Trotsky explique que la conception des syndicalistes révolutionnaires d’une « minorité agissante » au sein de la CGT « était, par essence, une théorie incomplète du parti prolétarien. Dans toute sa pratique, le syndicalisme révolutionnaire était un embryon de parti révolutionnaire ; de même, dans sa lutte contre l’opportunisme, le syndicat révolutionnaire fut une remarquable esquisse du communisme révolutionnaire. » C’est donc notamment avec les syndicalistes révolutionnaires comme Monatte que l’Internationale communiste voulait former la section française. Pour cela il fallait dépasser la Charte d’Amiens. Appliquer la Charte d’Amiens après la révolution d’Octobre, c’était s’opposer à l’influence communiste dans les syndicats et donc dans la classe ouvrière. Le Quatrième Congrès de l’Internationale communiste a adopté en 1922 une résolution qui disait : « L’autonomie sous toutes ses formes, qu’elle soit anarchiste ou anarcho-syndicaliste, est une doctrine anticommuniste et la résistance la plus décidée doit lui être opposée ; le mieux qu’il puisse en résulter, c’est une autonomie par rapport au communisme et un antagonisme entre syndicats et partis communistes ; sinon c’est une lutte acharnée des syndicats contre le parti communiste, le communisme et la révolution sociale. »
Unité des syndicats, mais scission du parti avec les réformistes
Trotsky expliquait au Quatrième Congrès que les syndicats doivent englober des couches d’ouvriers plus larges que le parti, y compris s’ils ont « les préjugés les plus rétrogrades », par exemple les ouvriers catholiques. Si le syndicat ne comprenait que des communistes, « il n’aurait aucune valeur parce qu’il serait une répétition du parti » :
« L’importance du syndicat consiste en ce que sa majorité est ou doit être composée d’éléments qui ne sont pas encore soumis à l’influence d’un parti ». […]
« Les syndicats représentent une élite qui a besoin d’une direction d’idées ; ces idées ne sont pas spontanées, elles ne tombent pas du ciel ; il doit y avoir une continuité dans ces idées, il faut les justifier, les vérifier par l’expérience, les analyser, les critiquer et ce travail doit s’opérer dans le parti. Aujourd’hui, la grande objection que l’on nous oppose, c’est la subordination des syndicats au parti. Oui, nous voulons subordonner la conscience de la classe ouvrière aux idées révolutionnaires. C’est notre prétention. Il est tout à fait stupide de dire que nous pouvons agir par des pressions du dehors, par des pressions qui ne seraient pas fondées sur la volonté libre des ouvriers eux-mêmes, que le parti possède des moyens de pression à l’égard des syndicats, lesquels sont numériquement plus forts que lui – ou au moins devraient l’être. C’est la réaction de tous les pays qui a toujours répété que le parti et les syndicats veulent soumettre la classe ouvrière à leur volonté. »
Voyez notre Déclaration de principes :
« Les communistes cherchent à unifier le plus solidement possible la classe ouvrière contre les exploiteurs capitalistes ; nous sommes par conséquent opposés aux divisions par métiers dans le prolétariat, et sommes pour le syndicalisme industriel ; nous sommes opposés à la division de la classe ouvrière en syndicats concurrents basés sur des tendances politiques ou des groupes ethniques différents. Ceci est à contraster avec la tâche de l’avant-garde communiste qui est de clarifier et de rendre plus visibles les divergences entre les tendances politiques concurrentes de façon à en rassembler les cadres dans un parti léniniste. Du temps de Lénine, ces tâches politiques différentes étaient reflétées dans des formes organisationnelles différentes : le Comintern, composé de partis, représentait le programme politique bolchévique, seul programme révolutionnaire, et le Profintern [Internationale syndicale rouge] représentait la lutte pour l’unité de la classe ouvrière dans les syndicats. »
Ou, pour schématiser : parti = scission, syndicat = unité. Les réformistes font exactement l’inverse : ils divisent les travailleurs en syndicats concurrents qui brisent chacun les grèves de l’autre, bien qu’ils s’unissent « tous ensemble » avec la bourgeoisie dans des gouvernements capitalistes (front populaire ou pire). Par exemple les bureaucraties syndicales CGT, CFDT, SUD ont toutes appelé à voter Chirac.
Comparez maintenant avec les anarchistes de la CNT : ils séparent les ouvriers les plus militants des masses organisées dans la CGT, la CFDT ou ailleurs. Ce faisant ils laissent ces larges masses à la merci des bureaucraties syndicales, et contribuent ainsi à préserver l’emprise de la bureaucratie sur ces travailleurs. Trotsky écrivait au contraire : « La bureaucratie trade-unioniste est l’instru-ment le plus formidable de votre oppression par l’Etat bourgeois. Il faut arracher le pouvoir des mains de la bourgeoisie et, pour cela, il faut renverser son principal agent : la bureaucratie trade-unioniste. » Pour cela il faut créer des fractions communistes dans les syndicats, comme nous le soulignons dans notre Déclaration de principes.
On peut contraster cela aussi avec les pablistes de la LCR ; ils ont eu des positions importantes dans la bureaucratie de pas mal de syndicats CFDT. Ces dernières années, par exemple suite à la signature de l’accord des 35 heures chez Michelin par la direction régionale de la CFDT, ils ont simplement claqué la porte et fondé un nouveau syndicat, le SUD. On voit très bien sur les manifestations la faiblesse organisationnelle de SUD : une petite minorité de militants plus combatifs se retrouve isolée en-dehors de la grande masse des travailleurs qui, s’ils restent syndiqués, continuent à l’être auprès des anciennes grandes fédérations. Ces gens préfèrent diriger leur propre syndicat minoritaire sur une base politique réformiste plus combative, au lieu d’accepter d’être en minorité dans le syndicat. Trotsky insiste comment la tâche principale des communistes dans les syndicats est d’augmenter l’influence politique du parti. Il écrit :
« Le nombre des communistes aux postes de direction des syndicats n’est qu’un indice de l’influence du parti dans ces syndicats. Plus importante est l’estimation du pourcentage des militants communistes par rapport aux masses syndicalisées. Mais le critère principal est l’influence générale du parti sur la classe ouvrière, qui, elle, se mesure à l’ampleur de la circulation de la presse du parti, à l’affluence aux meetings organisés par le parti, au nombre des voix recueillies aux élections, et, par-dessus tout, au nombre des travailleurs et des travailleuses qui répondent aux appels à la lutte lancés par le parti. »
Comparez avec Luta Metalúrgica, le groupe brésilien avec lequel nous avons rompu en 1996 ; ces opportunistes syndicaux faisaient littéralement le contraire de tout cela : pas de presse du parti, mais ils avaient des postes syndicaux dans le syndicat des travailleurs municipaux de Volta Redonda dans l’Etat de Rio ; ils avaient acquis ces postes en enterrant leur programme politique au point de briguer les votes des flics qui représentaient une partie significative de la base du syndicat. Ils ont utilisé pour cela un ex-flic comme leur candidat aux élections syndicales ! Ces individus sans principes sont les grands héros prolétariens de l’IG (Internationalist Group), un groupe formé dans la deuxième moitié des années 1990 pour l’essentiel avec des déserteurs de nos rangs, qui, sous l’impact de la contre-révolution en URSS avaient abandonné la lutte pour un parti ouvrier révolutionnaire (voir le Bolchévik n° 140, automne 1996).
Pour des syndicats industriels !
La division de la classe ouvrière en plusieurs syndicats largement en fonction des convictions politiques, correspond à la conception bien ancrée en France que les grèves sont avant tout des manifs politiques, et non des actions ouvrières qui stoppent la production. Il s’agit de tactiques de pression extra-parlementaire, tout particulièrement quand la droite est au pouvoir, dans la perspective de ramener au gouvernement les réformistes ou le front populaire. C’est pourquoi quand nous parlons de syndicats industriels dans notre tract récent, nous lions ce point à la question des piquets de grève non filtrants.
Il y a vingt ans nous écrivions dans le Bolchévik (n° 37, février 1983), en faisant référence à Juin 36 : « Ce serait dans le cours de luttes semblables que de nouveaux organes ouvriers – des comités de grève et éventuellement des comités d’usine, les deux élus et révocables à tout moment – peuvent se forger comme base à l’unification du mouvement syndical, non par la fusion par magouilles au sommet des “lieutenants ouvriers du capital” mais en les chassant. » Une telle lutte est donc liée directement à la lutte pour une direction communiste dans les syndicats, sur la base de notre programme, contre les éléments centristes et pro-capitalistes qui transmettent l’idéologie bourgeoise. En 1922 en France le réformiste Jouhaux fit une scission anticommuniste de la CGT. Le PC établit alors son propre syndicat, la CGTU, qui faisait de l’agitation pour la réunification des syndicats. Trotsky écrivait en septembre 1922 :
« La scission des organisations syndicales en France menée pour des raisons politiques par Jouhaux et Cie est un crime tout aussi grave que la conduite de cette clique durant la guerre. Toute tendance ou doctrine a la possibilité de créer son propre groupement au sein de la classe ouvrière. Mais les syndicats sont les organisations de base de la classe ouvrière et l’unité des organisations syndicales est dictée par la nécessité de défendre les intérêts et les droits les plus élémentaires des masses laborieuses. Une scission des organisations syndicales pour des raisons politiques représente tout à la fois une trahison de la classe ouvrière et la confession de sa propre faillite. C’est seulement en isolant une petite partie de la classe ouvrière des groupes révolutionnaires – avec une scission – que Jouhaux et Cie pourraient espérer retenir un peu plus longtemps leur influence et leur organisation. Mais pour cette même raison, les syndicats réformistes ont cessé d’être des syndicats, c’est-à-dire des organisations de masse des travailleurs, et ils sont devenus à la place un parti politique camouflé de Jouhaux et Cie. »
Mais l’unité syndicale n’est pas un fétiche. Un exemple que reprend Trotsky, et qui a constitué un pilier fondamental de la formation de l’Opposition de gauche internationale, c’est le Comité anglo-russe de 1926 : il fallait rompre ce comité qui légitimait politiquement les bureaucrates syndicaux britanniques au moment de la trahison de la grève générale. Mais en général il faut rejeter sur les réformistes la scission ; et c’est bien logique que ce soit eux et pas nous qui cherchions la scission, puisque de cette manière ils isolent les révolutionnaires des masses travailleuses contrôlées par la bureaucratie syndicale. Plus le syndicat regroupe de larges masses, plus largement les communistes pourront lutter pour accroître leur influence parmi les travailleurs.
LO et la grève de Renault de 1947
La CGT réunifiée était dominée au sortir de la guerre par le PCF, étant donné que les autres tendances étaient compromises dans la collaboration sous Vichy avec les nazis. Avec la guerre froide contre l’Union soviétique la CIA organisa et finança en 1947-1948, avec l’appui de la social-démocratie, une scission anticommuniste de la CGT, Force ouvrière (voir le Bolchévik n° 59, décembre 1985). La trajectoire politique de Monatte l’a amené à cette époque à Force ouvrière, mais cela n’a pas empêché Barta, le fondateur du groupe dont est issue LO, de prendre conseil auprès de lui lors de la grève de Renault d’avril-mai 1947.
C’était une grève importante dont des militants de LO ont été à l’origine. Le PCF était alors dans le gouvernement et il a fait tout son possible pour attaquer les militants de LO et briser la grève. Le PCF a échoué et il s’est fait jeter hors du gouvernement. Le crime ne paie pas ! Robert Barcia, alias Hardy, le dirigeant historique de LO après Barta, raconte dans son livre la Véritable histoire de Lutte ouvrière qu’à cette époque Monatte a conseillé aux militants de l’UC (prédécesseurs de LO) lors de la grève de 1947 de sortir de la CGT et de créer leur syndicat indépendant. Barcia écrit : « Combattre au sein de la CGT aurait été possible et nécessaire en période de grande mobilisation des travailleurs, mais c’était voué à l’échec alors que l’enthousiasme retombait. En outre, rester à la CGT privait les militants, même s’ils représentaient l’immense majorité de leurs camarades de travail, de toute possibilité d’expression, ne serait-ce que du fait de la discipline syndicale. » Donc LO a créé son propre petit syndicat, qui lorsqu’il a pu participer aux élections de délégués du personnel en juin 1949, réunissait 1 283 voix sur 22 674 votants, soit moins de 6 % des voix. Un petit SUD en quelque sorte, avec Barcia qui déclare qu’ils ne sont pas pour créer des syndicats révolutionnaires, que le SDR était un syndicat revendicatif « comme tout syndicat ».
Lors de la grève Renault de 1947 la première chose que les prédécesseurs de LO ont faite c’est de liquider le parti pour construire le syndicat : « A la mi-mai 1947, Barta cessa de faire paraître La Lutte de classes, le journal politique, étant donné les tâches énormes pendant les semaines qui suivirent la grève. Seule La Voix des travailleurs de chez Renault, une feuille imprimée recto verso, format A3, continua alors de paraître. [¼] Bien sûr, les camarades avaient parfaitement compris l’interruption de La Lutte de classes lors de la grève, car la faire paraître devenait une tâche impossible pour Barta, et cette disparition était secondaire par rapport aux urgences d’une situation qui évoluait de jour en jour, chez Renault et dans le pays. » En fait la Lutte de classe n’a pas reparu pendant un an et demi ! Et le résultat : LO n’a recruté personne de cette action chez Renault.
C’est là un exemple concret de liquidation du parti dans le travail syndical. Parfois nous disons que Lutte ouvrière est un groupe syndicaliste sur la question du parti. Evidemment on voit une expression de cela dans leur propagande actuelle ; leur journal se limite strictement à prôner la combativité ouvrière. Ils font pratiquement disparaître même toute critique de la bureaucratie syndicale, leur ligne étant que la combativité de la base peut forcer les bureaucraties à diriger la lutte jusqu’au retrait du plan Raffarin. Dans leur éditorial de cette semaine ils vont même jusqu’à prôner la confiance dans la bureaucratie de la CGT au moment même où aux yeux de tous les travailleurs dans les entreprises en lutte elle freine le mouvement gréviste des quatre fers :
« Les directions syndicales, qui appellent aux journées de manifestations, et maintenant à poursuivre le mouvement et à une nouvelle journée le 10 juin, entraînent à la lutte. Mais elles ne proposent pas clairement d’obliger le gouvernement à ravaler tous ses projets. »
– Lutte Ouvrière, 6 juin
Trotsky et la grève générale
Face à ce plat réformisme les appels grandiloquents à la grève générale peuvent paraître plus radicaux. Certains d’entre vous ont entendu Arlette Laguiller à la fête de LO argumenter qu’il ne faut pas une grève générale mais une « généralisation du mouvement ». Le dirigeant de LO Barcia, alias Hardy, est plus direct encore : « c’est une ânerie » (le Monde, 10 juin). Mais il y a un fort sentiment, y compris parmi les militants de Lutte ouvrière, pour avancer le mot d’ordre de la grève générale. Tout le reste de la gauche, de la LCR à Socialisme par en bas, à la Gauche révolutionnaire et aux anarchistes de la CNT, crient le plus fort qu’ils peuvent à la grève générale. Surtout les pablistes de la LCR, et comme nous le disons dans notre tract c’est vraiment grotesque que les pablistes, qui ont voté Chirac et il y a encore moins de deux mois le soutenaient pour sa politique irakienne, proclament maintenant la grève générale comme le « troisième tour ».
Dans « Encore une fois, où va la France » (1935), Trotsky écrit :
« L’importance fondamentale de la grève générale, indépendamment des succès partiels qu’elle peut obtenir, mais aussi ne pas obtenir, réside dans le fait qu’elle pose de façon révolutionnaire la question du pouvoir. En arrêtant les usines, les transports, de façon générale les moyens de liaison, les stations électriques, etc., le prolétariat paralyse par cela même non seulement la production mais également le gouvernement. Le pouvoir d’Etat reste suspendu en l’air. Il doit, soit dompter le prolétariat par la faim et par la force, en le contraignant à remettre de nouveau en mouvement la machine de l’Etat bourgeois, soit lui céder la place.
« Quels que soient les mots d’ordre et le motif pour lesquels la grève générale a surgi, si elle entraîne les véritables masses, et si ces masses sont bien décidées à lutter, la grève générale pose inévitablement devant toutes les classes de la nation la question : qui va être le maître de la maison ? »
Une grève générale c’est inévitablement une confrontation politique avec l’Etat bourgeois. Par exemple Mai 68 posait la question à brûle-pourpoint : le pouvoir à quelle classe ? Mais actuellement on a plutôt l’habitude des journées d’action d’un jour qui ne sont au fond guère plus qu’une grande manifestation avec débrayage, où le lendemain beaucoup d’ouvriers retournent à leur poste de travail et les militants qui veulent poursuivre la bataille de classe se font abandonner par les dirigeants syndicaux. Une grève générale qui se prolonge pose la question qu’il faut décider de laisser fonctionner certains secteurs de l’économie à un certain niveau pour assurer la survie de la population. Les éboueurs de Marseille ont par exemple ramassé les ordures dans les quartiers nord où habitent les travailleurs, et laissé pourrir les ordures dans les quartiers riches. Donc le comité dirigeant la grève générale décide d’autoriser certains camions pour livrer des produits de première nécessité, il y a un service minimum parmi les hôpitaux et les pompiers décidé par les grévistes, certains moyens de transport doivent être autorisés pour transporter les piquets volants, etc. C’est-à-dire les grévistes gouvernent en embryon l’éco-nomie.
C’est pour cela que nous ne jouons pas à la légère avec ce mot d’ordre. Trotsky expliquait que, face à une grève générale, le gouvernement peut prendre peur et faire à l’avance des concessions, mais par définition ce sont des concessions qui bien sûr demeurent dans le cadre du capitalisme, et donc par définition excluent des revendications stupides à la LO/LCGR comme l’interdiction des licenciements. C’est-à-dire une telle grève générale ne résout rien de fondamental. Le gouvernement cède et la fin de la grève générale lui permet de rassembler ses forces pour la contre-attaque.
Deuxième possibilité : si l’armée est suffisamment sûre et si la grève générale est seulement conçue pour « faire peur » à l’ennemi (une formule que reprendrait volontiers LO, puisque son programme maximum c’est que la classe ouvrière fasse peur aux bourgeois pour leur arracher des concessions), dans ce cas Trotsky dit que la grève peut facilement se transformer en simple aventure et révéler sa totale impuissance et s’achever dans la répression. Vous avez par exemple la grève de décembre 1938 qui entre dans cette catégorie. Ce sont les pablistes qui, avec leur vote pour Chirac et avec leurs demandes que l’impérialisme français oppose un veto à l’ONU contre Bush, ont contribué à ce que le gouvernement se sente aussi sûr de lui pour attaquer d’abord les sans-papiers et ensuite l’ensemble des travailleurs.
Soit enfin il y a la grève générale qui « mène directement aux barricades », c’est-à-dire le prélude à l’insurrection, menant soit à la défaite soit à la victoire. Un petit groupe de propagande de combat trotskyste sait qu’une condition clé pour la victoire c’est un parti bolchévique dirigeant la majorité des secteurs clés du prolétariat, et par conséquent il est hautement irresponsable et aventuriste de se lancer là-dedans si on sait que ce parti reste à construire. Le parti allemand a essayé en 1921 et cela a été un fiasco complet.
Donc vous voyez que la question de la grève générale fait directement partie de la stratégie révolutionnaire ; quand des réformistes comme la LCR la soulèvent c’est uniquement pour manipuler la colère et la combativité des travailleurs pour mieux se positionner comme des partenaires incontournables du prochain front populaire. Le culot de la LCR va jusqu’à dire : « Grève générale ! Faire céder le gouvernement c’est possible ». Mais c’est eux qui ont mis en place ce gouvernement ! Les pablistes utilisent cyniquement le ressentiment des travailleurs vis-à-vis des tactiques démobilisatrices des bureaucrates. Comme nous l’expli-quons dans notre tract (voir en dernière page) nous sommes pour élargir et unifier la lutte pour écraser le plan du gouvernement de démanteler les retraites, pour unifier les travailleurs et les chômeurs dans une lutte pour du travail pour tous, pour faire partir en grève le prolétariat du secteur privé avec sa forte composante d’origine immigrée. Notre objectif est d’élever le niveau de conscience des masses travailleuses, en montrant que leurs besoins ne peuvent être satisfaits que par la prise du pouvoir d’Etat par le prolétariat et l’expropriation de la bourgeoisie.
Et pour commencer nous ne cessons de revenir aux points fondamentaux du marxisme sur la division de la société en deux classes irréconciliables, avec l’Etat non pas comme garant de l’harmonie sociale et de la justice, mais comme force de coercition, possédant le monopole de la force armée, pour maintenir les exploités et les opprimés à leur place dans la société capitaliste. D’où notre opposition à Vigipirate et la question des piquets de grève comme embryon des milices ouvrières. A l’époque impérialiste il y a une tendance croissante à l’intégration des syndicats à l’Etat bourgeois, que ce soit sous la forme de la présence de la police dans les rangs des syndicats, ou que ce soient les subventions massives de l’Etat bourgeois pour les appareils syndicaux ; ces subventions représentent l’essentiel du budget des syndicats et affranchissent l’appareil de la nécessité de recruter des membres cotisants au syndicat. Qui paie les violons choisit la musique ! Nous luttons pour l’indépendance des syndicats par rapport à l’Etat. Comme le rapporte notre camarade Xavier sur son intervention lors du meeting sur les grèves dans les transports à la fête de LO cette année :
« J’interviens pour le journal le Bolchevik, journal qui, comme vous le savez, est interdit de stand à la fête de LO. Le premier point que je voudrais faire est sur la combativité. Face à de telles attaques, la classe ouvrière ne peut être que combative. Et ces attaques ne se passent pas seulement en France, mais aussi dans toute l’Europe. La classe ouvrière lutte aussi en Autriche, en Allemagne, en Italie. Mais la combativité, si elle est nécessaire, n’est pas suffisante. Si la combativité était suffisante, il y a longtemps que la révolution aurait eu lieu. Déjà cette combativité devrait être organisée pour arrêter la production. Comme en a parlé le camarade de Juvisy, des piquets de grève, non pas à la française, mais de vrais piquets qui bloquent la production, où personne ne passe, devraient être mis en place. La grève ce ne doit pas être seulement de sempiternelles manifestations de rue, mais ce doit être l’arrêt de la production. Mais les quelques piquets de grève qui ont été mis en place sur les dépôts de bus ont été immédiatement attaqués. Le gouvernement et la direction ont envoyé les CRS et les flics pour les casser. Ces chiens de garde ont été envoyés par les patrons. Aussi quand, il y a un an, les flics se sont mis en grève pour avoir de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires, on a vu toute la gauche, y compris Lutte ouvrière, les soutenir. On voit le résultat aujourd’hui. Non seulement ils attaquent les piquets, mais dans toutes les manifestations, à Paris comme en province, on les voit parader comme « syndiqués ». Mais la classe ouvrière devrait se mobiliser pour les foutre dehors. Les AG de grévistes devraient discuter comment mettre hors des manifestations ces flics.
« Un deuxième point que je veux soulever, c’est la question immigrée. Tous les jours les cheminots défilent dans les gares. Ils croisent les travailleurs africains ou maghrébins du nettoyage. Mais aucune revendication n’est discutée dans les AG pour qu’ils rejoignent la grève. Comme ceux-ci n’ont pas l’ « honneur » d’avoir une carte d’identité française ou d’être européens, ils ne peuvent pas bénéficier du statut des fonctionnaires. Ce statut est un statut raciste [le chahut commence]. Il faut se battre pour que ces ouvriers puissent bénéficier du statut. [Chahut énorme, micro coupé.]
« Le travail des révolutionnaires est de construire un parti révolutionnaire qui va changer la conscience de la classe ouvrière. C’est en intervenant sur la question des flics ou la question immigrée qu’on va changer la conscience de la classe ouvrière. »
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